Bonjour ! Je m’appelle Mirriam Githaiga, j’ai 43 ans, je viens du Kenya, je suis mariée et j’ai trois filles. Je suis également une personne qui a vécu un cancer et la présidente d’un groupe d'entraide appelé Isiolo County People living with NCDs.
Je témoigne ici pour deux raisons. Tout d’abord, j’aimerais servir d’inspiration aux personnes qui perdent ou pourraient perdre l’espoir. Ensuite, je veux plaider en faveur d’une meilleure couverture pour les personnes vivant avec des MNT afin qu’elles puissent recevoir le traitement et les soins dont elles ont besoin.
8 novembre 2021
Je suis une guerrière
En septembre 2016, j’ai senti une boule dans mon sein droit. Je ne me suis pas inquiétée car je venais de sevrer ma fille, mais je suis allée faire un contrôle au dispensaire local d’Isiolo, où l’on m’a assuré que c’était normal , avant de me donner des analgésiques. Mon état s’étant aggravé, j’ai décidé de passer des examens plus poussés. À l’époque je n’étais pas inscrite à la NHIF (caisse d’assurance maladie nationale) car la cotisation était de 500 KES (5 $US) et ma situation financière n’était pas stable. J’ai donc payé de ma poche une mammographie et une biopsie, car je ne supportais pas les délais des hôpitaux publics. Peu après, on m’a dit : « vous avez un cancer ».
8 novembre 2021
Le chemin de la guérison
« Vous avez une tumeur maligne et la seule solution c’est de subir une mastectomie, on peut faire ça tout de suite, ou préférez-vous revenir plus tard ? » m’a asséné le Dr Gisore. Mon cerveau était en ébullition. Le coût d’une mastectomie était de 300 000 Ksh (environ 3 000 $US). Sans affiliation à la NHIF, je devais trouver un moyen de réunir les fonds. J’ai donc lancé une collecte sur la plateforme M-Changa, en utilisant le système traditionnel kényan de collecte de fonds appelé « Harambee ». Une chose était claire : j’étais prête pour la bataille et j’allais me battre pas seulement pour moi, mais aussi pour ma famille. Je suis reconnaissante que les frais de la mastectomie et du traitement aient été financés par ma famille, mes amis et de généreux donateurs.
8 novembre 2021
Mon parcours de plaidoyer
Le parcours a été difficile et ce que j’ai appris c’est que l’on ne peut pas traverser cela seule. Le soutien se manifeste de différentes manières, tant financières que psychosociales. La NHIF propose un forfait oncologie qui peut prendre en charge une partie des services liés au cancer, les médicaments et la chimiothérapie, mais cela ne suffit pas. Après mon diagnostic et mon traitement, j’ai créé un groupe d'entraide appelé Isiolo County People Living with NCDs, qui était initialement destiné aux personnes vivant avec le cancer, mais qui inclut désormais toutes les MNT. Grâce à nos activités génératrices de revenus, j’ai pu économiser suffisamment d’argent pour verser les 1 500 KES d’inscription à la NHIF, puis payer les cotisations mensuelles sans faillir.
8 novembre 2021
L’action collective peut sauver des vies
Nous avons relevé le défi de l’accompagnement financier dans le cadre du groupe en créant notamment une initiative de « table banking » nous permettant de nous prêter mutuellement de l’argent pour mettre en place des activités génératrices de revenus. Cela nous a permis, non seulement à moi, mais également à l’ensemble du groupe, de payer les cotisations mensuelles à la NHIF. Comme la NHIF ne couvre qu’en partie les frais de traitement du cancer et seulement certains services pour d’autres MNT, cette initiative a également permis aux membres d’emprunter de l’argent sur les sommes épargnées, pour régler les factures d’hôpital supplémentaires. Grâce aux formations et au soutien financier de la NCDAK (l’Alliance kényane sur les MNT), nous avons pu créer un groupe d'entraide plus important pour l’ensemble des MNT dans le comté d’Isiolo.
8 novembre 2021
L’union fait la force
Au nom des personnes vivant avec des MNT dans le comté d’Isiolo, je demande la mise à disposition des médicaments essentiels, la participation des personnes vivant avec des MNT dans les processus décisionnels, et la participation du public dans l’affectation des budgets destinés aux services liés aux MNT dans le pays. L’absence de CSU sur le terrain a eu un impact sur de nombreuses familles à revenu faible et moyen, que leurs factures médicales ont poussé encore plus loin dans la pauvreté. Nous appelons donc le gouvernement kényan à faire avancer la mise en œuvre de la CSU par la NHIF, afin de faciliter l’accès des Kényans aux fonds nécessaires pour les services liés aux MNT.
Carnets MNT
J’espère qu’en partageant mon histoire je pourrai inspirer d’autres personnes vivant avec des MNT et plaider en faveur de meilleurs traitements et soins pour tous.
Mirriam Wakanyi, expérience vécue de cancer, Kenya
À PROPOS DES CARNETS MNT
Les Carnets MNT utilisent des approches multimédia riches et immersives pour partager un vécu afin de susciter le changement, en utilisant un format de discours public.