Je m’appelle Modina Khatun et je vis dans le camp 08-W de Balukhali à Cox-Bazar, au Bangladesh. Depuis toute petite, l’asthme a toujours été là, mes journées rythmées par une respiration sifflante et un essoufflement.
Après mon déplacement au Bangladesh, j’ai connu de nouveaux problèmes de santé. Les symptômes de l’hypertension et du diabète, comme des maux de tête persistants, des étourdissements, une vision floue, la soif et des mictions fréquentes, se sont ajoutés à mes difficultés, car l’accès à un traitement de qualité est une bataille difficile.
Mon objectif en devenant auteure de carnet est de mettre en avant que l’équité des soins ne se limite pas au seul traitement médical. Elle consiste aussi à reconnaître la dignité et l’humanité de chaque réfugié. En racontant des histoires de résilience et de survie, j’espère susciter l’empathie et la compréhension chez les lecteurs et les lectrices, et les encourager à soutenir des initiatives en faveur d’un accès équitable aux soins de santé et à la CSU pour tous, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve.
La santé est un droit humain fondamental, nous avons surmonté des épreuves et nous aspirons à un avenir meilleur. Il est temps de mener une action collective pour garantir le respect de ce droit aux réfugié•e•s vivant avec des MNT au Bangladesh et ailleurs.
29 janvier 2024
Batailles en solo
En tant que réfugiée rohingya déplacée au Bangladesh, je n’ai pas grand-chose à espérer. Mon parcours dans ce camp commence par l’isolement des luttes quotidiennes, la gestion de l’asthme, du diabète et de l’hypertension. Je suis asthmatique depuis l’enfance. Mais pendant mon déplacement au Bangladesh, j’ai commencé à ressentir de la soif, une grande fatigue, une vision floue et des mictions fréquentes. Je me suis rendue dans un centre de soins de santé primaires (CSSP) installé dans le camp de réfugiés qui fournit des services de base gratuits. Après avoir mesuré ma tension artérielle et ma glycémie, ils ont confirmé ce que mon corps m’avait déjà murmuré : diabète et hypertension.
29 janvier 2024
Mal du pays
Chaque matin, après la prière, la solitude me pèse lourdement. À cette heure de la journée au Myanmar, j’aurais été occupée à aller sur les marchés et à vivre en communauté, en m’occupant de mes 35 petits-enfants. Mais maintenant, je m’inquiète souvent de la gestion de ma santé. Je fais de mon mieux en mangeant ce qu’on me fournit et en restant active. Mais ce n’est pas facile sans une aide adaptée. Parfois, des bénévoles du CSSP me rendent visite dans ma tente pour faire un suivi de mon état de santé et vérifier mon stock de médicaments. Cependant, il y a encore des difficultés. Les longues files d’attente pour les soins de santé et les médicaments dans les CSSP rythment mon quotidien, et les soins et centres spécialisés sont rares.
29 janvier 2024
Manque de soins spécialisés dans notre langue maternelle
Comme moi, il y a beaucoup d’hommes et de femmes diabétiques et hypertendus ici qui ont été diagnostiqués dans les centres de soins de santé primaires du camp. Les centres de soins de santé primaires sont gérés par des ONG et des partenaires du développement, tandis que l’Organisation mondiale de la Santé fournit les médicaments et se charge de la logistique. Mais avec les installations surpeuplées, le manque de soins spécialisés et d’urgence pour les MNT et l’aide médicale limitée, obtenir les médicaments nécessaires et passer des examens réguliers pour gérer efficacement ces maladies est un défi permanent. Regardez ma voisine, Fatima. Lorsque sa glycémie a grimpé de façon inattendue les retards ont été tels, à cause d’un manque de soins d’urgence, que son état s’est aggravé et qu’elle a perdu connaissance.
21 décembre 2023
Notre voix
Ici, les femmes ne parlent pas facilement et ne racontent pas leurs symptômes corporels à cause de barrières religieuses et linguistiques. Il y a du personnel à la clinique qui peut fournir des informations dans notre langue maternelle, mais les informations vitales sur les notices des médicaments et les conseils diététiques se perdent souvent dans la traduction. Lorsqu’il s’agit d’obtenir de l’aide pour nos problèmes de santé, on a l’impression que certaines personnes suivent une voie toute tracée, tandis que d’autres tâtonnent dans le noir. Une autre de mes voisines, Sultana, qui est plus âgée et a du diabète, attend souvent une éternité pour voir un médecin. Les médicaments disparaissent comme des ombres, ce qui rend son combat encore plus difficile.
21 décembre 2023
La santé ne connaît pas de frontières
Nous devons continuer à nous battre pour nos droits – notre lutte personnelle est un cri collectif pour l’équité et des services de santé de qualité pour les réfugiés vivant avec des MNT. J’appelle les ONG et les partenaires du développement à garantir la fourniture de soins spécialisés et d’urgence pour les MNT aux réfugiés dans le camp. J’appelle également le ministère de la Gestion des catastrophes et des Secours, en particulier le Bureau du Commissaire aux secours et au rapatriement des réfugiés, à poursuivre son travail et à offrir des services éducatifs dans les camps en lançant des programmes de sensibilisation spécifiques aux MNT afin de renforcer les connaissances de la communauté des réfugiés.
Il ne s’agit pas d’un privilège, mais d’un droit inébranlable qui est le nôtre.
Carnets MNT
La vie ici n’est pas facile, nous ne pouvons pas sortir des camps, mais nous avons entendu dire que Cox-Bazar est magnifique. Nos difficultés m’ont poussée à documenter mon expérience afin de pouvoir partager avec des personnes du monde entier les défis réels auxquels sont confrontés les réfugiés vivant avec des MNT, et nos espoirs.
Modina Khatun, expérience vécue de plusieurs maladies chroniques, Bangladesh
À PROPOS DES CARNETS MNT
Les Carnets MNT utilisent des approches multimédia riches et immersives pour partager un vécu afin de susciter le changement, en utilisant un format de discours public.