Bonjour, je m’appelle Takwe Boniface Njecko et je viens de la région Nord-Ouest du Cameroun. Je vis avec l’hypertension depuis plus de 10 ans.
Je témoigne ici en raison de ce que j’ai traversé en vivant avec cette maladie, de ce que j’ai vu chez d’autres personnes vivant avec des maladies similaires, et parce que je veux défendre une meilleure prise en charge des personnes qui vivent avec l’hypertension et aider celles et ceux qui n’en souffrent pas à l’éviter.
23 mai 2022
Le dépistage régulier des MNT réduit le risque de complications
L’hypertension est une MNT dans laquelle la force que le sang exerce sur les parois des vaisseaux sanguins est supérieure à la normale. Tout a commencé alors que je passais des examens physiques de routine à l’hôpital privé Mbingo Baptist, où le médecin a constaté que ma tension artérielle était élevée. Nous avons conclu que cela pouvait être l’effet « blouse blanche », et on m’a demandé d’adopter des changements de style de vie comme réduire la consommation de sel et d’alcool, et faire plus d’exercice.
J’ai ensuite passé un autre examen dans un autre établissement de santé privé, qui est par ailleurs mon lieu de travail, car j’avais perdu contact avec le premier médecin. J’ai ensuite passé un autre examen dans un autre établissement de santé privé, qui est par ailleurs mon lieu de travail, car j’avais perdu contact avec le premier médecin. De même, en tant qu’infirmier professionnel junior travaillant dans ce même hôpital privé, j’avais été témoin de complications de l’hypertension chez de nombreux patients, qui traînaient parfois un bras et une jambe sur un fauteuil roulant, incapables de marcher alors qu’ils le pouvaient encore quelques heures plus tôt. Heureusement, c’est lors de ce bilan de santé que j’ai finalement reçu un diagnostic officiel d’hypertension.
Après mon diagnostic, le médecin m’a gentiment expliqué les dangers de vivre avec une tension artérielle élevée et les avantages d’un traitement précoce. Depuis mon diagnostic il y a 12 ans, mon traitement a consisté en un seul comprimé. J’avais auparavant été informé du fait que si je ne prenais pas mon traitement, je courais un risque plus élevé d’hypertension artérielle soutenue, avec d’éventuelles complications et le besoin de prendre plusieurs médicaments supplémentaires pouvant potentiellement entraîner davantage d’effets secondaires graves. J’ai également modifié mon mode de vie, en renonçant au tabac et à l’alcool, en ayant une alimentation saine, en faisant régulièrement de l’exercice physique et en gérant mon stress. Mon médecin m’assure un bon suivi, et mon travail dans le système de santé privé facilite une communication régulière.
Malgré mon diagnostic tardif, Dieu m'a épargné les complications de l'hypertension. Cependant, faire des dépistages réguliers et entamer rapidement un traitement en cas d'hypertension sont importants pour le contrôle de cette maladie. J'ai dû affronter la peur des effets secondaires provoqués par les antihypertenseurs, mais des mesures non pharmacologiques en plus du comprimé que je prends régulièrement m'ont épargné tout effet indésirable. Je suis reconnaissant à l'établissement où j'ai reçu mon diagnostic : non seulement les prestataires de soins de santé ont été attentionnés et efficaces, mais l'établissement a fait des efforts pour combler le fossé entre les personnes vivant avec des MNT et leurs prestataires de soins de santé grâce à un service de prévention des MNT, ce qui a amélioré les taux de diagnostic précoce et le suivi des patients.
4 juillet 2022
Concentrez-vous sur la prévention primaire et secondaire des MNT pour pouvoir profiter de vos enfants lorsque vous serez vieux
En réfléchissant à la situation de ma communauté, les personnes qui comme moi vivent avec des MNT, je repense à l'histoire d'une connaissance d’un parent et voisin. C'est l'histoire d'une dame de 75 ans dont le mariage a été marqué par l'abondance, car son époux était riche et vivait à Bamenda, dans la région du Nord-Ouest du Cameroun. Ils mangeaient tout ce qu’ils voulaient, et leurs enfants réussissaient dans leurs études et avaient obtenu de belles situations professionnelles sur différents continents.
Malheureusement, elle a ensuite perdu son conjoint et a développé une hypertension, qui s'est avérée être mal contrôlée en raison de mauvais choix dans ses soins de santé. Elle a ensuite développé un diabète sucré. Vivant désormais avec plusieurs maladies chroniques, la gestion de ses soins est devenue plus difficile, et son prestataire de soins ne lui a apparemment donné ni les informations ni le soutien dont elle avait cruellement besoin. Elle a donc mal suivi son traitement, les conseils nutritionnels et les recommandations en matière d'exercice physique, développant alors des complications telles que des problèmes oculaires et, par conséquent, une mauvaise vue.
Avec l'aide de ses enfants, elle a reçu un traitement ophtalmologique très coûteux dans ce qui est considéré comme un bon hôpital privé. Lorsque les spécialistes du service ophtalmologique ont constaté qu'il n'y avait aucune amélioration, ils l'ont incitée à interrompre les soins pour économiser. Faute de soins, elle a fini par devenir aveugle, tout en développant aussi une maladie cardiaque.
Ses enfants l'ont ensuite invitée chez eux, à l'étranger. Cette femme autrefois pleine d'énergie et souriante devait maintenant monter dans l'avion aveugle, sans voir où elle allait. Une mère qui n'avait pas vu ses enfants depuis plusieurs années et qui ne pouvait désormais les reconnaître qu'à leur voix et en les touchant. Une dame dont les enfants avaient réussi sur le plan scolaire et professionnel et souhaitaient à leur tour remercier leur mère pour les efforts qu'elle avait déployés pour les élever, mais voyaient maintenant toutes leurs ressources servir à payer les factures d'hôpital, et dont leur mère ne profitait que très peu, voire pas du tout.
Cette dame a dû faire face à des problèmes d'hypertension, cardiovasculaires, de diabète et, plus tard, de cécité que les prestataires de soins de santé n'ont pas pu corriger, en particulier la déficience visuelle. Si les prestataires de soins de santé du Cameroun parvenaient à intensifier la sensibilisation de la population en bonne santé à la prévention primaire et améliorer la prévention secondaire grâce à un accompagnement continu et adéquat, tout en obtenant l'adhésion des personnes vivant avec des MNT, les risques de développer des complications seraient considérablement réduits.
17 août 2022
Recommandations à l’attention du ministère de la Santé du Cameroun
Ma formation en soins infirmiers est attestée par plusieurs cours en ligne sur l’obésité que j’ai suivis au SCOPE (Strategic Center for Obesity Professional Education). Et j’ai récemment obtenu une maîtrise en santé publique avec un intérêt particulier pour la prévention des MNT. Je travaille pour une organisation de santé à but non lucratif au Cameroun connue sous le nom de Cameroon Baptist Convention Health Services. Elle dispose d’un service de prévention et de maîtrise des MNT, dont l’une des branches principales est l’unité « Connaître ses chiffres » (Know Your Numbers ou KYN). Les chiffres importants sur la santé qui y sont évalués comprennent la pression artérielle, la glycémie, l’indice de masse corporelle et le tour de taille, ainsi que des évaluations des pratiques favorables à la santé. Cela nous permet d’identifier les personnes à risque ou les personnes asymptomatiques qui sont susceptibles de déjà vivre avec des MNT, telles que le diabète, l’hypertension ou l’obésité, afin de leur proposer des interventions adéquates.
C’est ce type d'initiatives qui font la plus grande différence au Cameroun dans la lutte contre les MNT, car elles permettent de prévenir les maladies tout en limitant le développement de complications pouvant survenir en l'absence de traitement. Ce sont ces initiatives qui aideront des personnes comme cette dame de 75 ans qui m’a été envoyée, avec surpoids et des douleurs aux articulations inférieures qui l’empêchaient d’effectuer des fonctions de base telles que s’accroupir pour uriner et déféquer. Elle s'est effondrée sur la chaise de consultation de mon bureau et s'est exclamée : « Si seulement quelqu'un m'avait dit quand j'étais jeune ce que je pouvais faire pour prévenir les MNT, je n’en serais pas là aujourd’hui ».
Étant donné la situation que j’ai décrite pour les personnes vivant avec des MNT au Cameroun, il faut en faire plus pour s’assurer que les prestataires de soins de santé offrent à tous la qualité de soins dont ils ont besoin et qu’ils méritent. Je lance par conséquent au ministère de la Santé du Cameroun les appels suivants :
- Adopter l’initiative « Connaître ses chiffres » en tant que programme national de sensibilisation aux facteurs de risque et à la prévention des MNT.
- Dépister régulièrement les chiffres de santé importants tels que la pression artérielle, la glycémie, l'indice de masse corporelle et le tour de taille, ainsi que la pratique de comportements favorables à la santé, dans la population, en vue d'identifier les personnes à risque ou asymptomatiques vivant avec des MNT, notamment l'hypertension, le diabète ou l'obésité, pour qu’elles puissent mieux prévenir ou gérer leurs maladies.
- Subventionner les médicaments utilisés dans la prise en charge de toutes les MNT, car la majorité des personnes vivant avec ces maladies au Cameroun paient actuellement leurs médicaments de leur poche.
Carnets MNT
Le coût de la vie avec l’hypertension est trop élevé. Une meilleure gestion et une meilleure prévention sont indispensables à tous ceux qui vivent sur notre planète.
Takwe Boniface Njecko, expérience vécue de maladies cardiovasculaires (MCV), Cameroun
À PROPOS DES CARNETS MNT
Les Carnets MNT utilisent des approches multimédia riches et immersives pour partager un vécu afin de susciter le changement, en utilisant un format de discours public.