Je m’appelle Shamim Talukder et je viens du Bangladesh. Cela fait maintenant 12 ans que je vis avec une maladie cardiovasculaire, du diabète et un problème oculaire.
Je partage mon histoire parce que je veux faire entendre ma voix pour garantir la qualité des soins, des traitements et de la prévention des maladies non transmissibles.
13 décembre 2021
La perte d’un Magicien
En me réveillant tôt un matin, je me souviens d'une belle conversation que j’ai eue avec mon père quelques jours avant son hospitalisation, et ce souvenir m’a rempli d'espoir de voir mon Magicien revenir à la vie. Il avait été transféré pour une dialyse à un autre étage et on lui avait posé un cathéter fémoral à 20h30.
Je me suis précipité pour le voir après avoir reçu un appel à l'extérieur de l’unité de soins intensifs de l'hôpital. On lui a fait un massage cardiaque et je suis resté immobile. Les valeurs du moniteur vont vers ZÉRO et je suis toujours debout. Ils lui font une cardioversion électrique, le rythme cardiaque monte à 34, puis le moniteur s'éteint. ZÉRO, ZÉRO, et ZÉRO.
Autour de moi tout est devenu pâle. J'ai fermé les yeux et j'ai vu ce ZÉRO comme une porte vers un monde plein de combattants qui, s'ils étaient aidés, gagneraient la bataille. Je n'ai pas trouvé de meilleur mot que « combattant » pour parler de nous : les personnes vivant avec des MNT.
Bien que je sois médecin et expert en santé publique, les médicaments pour mon problème cardiaque et mon diabète me coûtent cher chaque mois et me causent des difficultés économiques. En cette heure de pandémie, même la pénurie et le prix élevé des médicaments importés se remarquent. En même temps, le fait d'être une personne vivant avec de multiples MNT me fait prendre conscience de la lutte et de la misère des personnes à revenus intermédiaires inférieurs et de celles qui se trouvent sous le seuil de pauvreté.
J'ai été hospitalisé pendant sept jours à l'âge de 40 ans en raison de douleurs thoraciques sévères et d'étouffements. Grâce à une angiographie, une crise cardiaque a été identifiée et mon parcours avec des MNT s'est enrichi de complications cardiaques et d’hypertension. La douleur que j'ai connue me rappelle ces combattants à chaque instant. Leur volonté absolue de vivre d'une manière un peu plus saine résonne comme un rappel constant dans mon esprit.
Tant mon parcours avec des MNT que la perte de mon Magicien m'ont motivé à travailler sur les déterminants socio-économiques des MNT, et je dénoncerai toutes les perturbations du système de soins de santé qui empêchent ces personnes à revenus intermédiaires inférieurs de jouir de leur santé. Je plaiderai pour que le monde entier célèbre la victoire avec eux, ensemble.
13 décembre 2021
Rêvons ensemble notre monde
En 2009, je me souviens, alors que j’étais allongé sur le lit d'hôpital, d'avoir ressenti de fortes douleurs thoraciques et de m’être étouffé. En apprenant que j’avais une crise cardiaque, mon parcours avec les complications cardiaques, dont l'hypertension, a commencé. Plus tard, en 2016, la perte de poids et l'atrophie musculaire ont ouvert un nouveau chapitre, celui du diabète de type 2. Ma mémoire avait déjà retenu l'histoire des maladies cardiaques et du diabète de mes parents.
Ainsi, il s'avère que curieusement, dans ma famille de quatre adultes, trois d'entre eux vivent maintenant avec plusieurs MNT !
J'ai continué à me poser des questions et j'ai découvert que la charge des MNT au Bangladesh est alimentée par le fait que le système de santé se concentre uniquement sur le traitement, plutôt que sur la prévention de ces maladies. Les initiatives lancées par les gouvernements et d'autres parties prenantes des MNT au cours des dernières années échouent clairement à mettre l'accent sur la lutte contre les facteurs de risque des MNT et sur les mesures préventives telles que la lutte contre le tabagisme et l'alcool, les régimes alimentaires sains, les environnements propices à une activité physique accrue et la lutte contre la pollution de l’air.
En ce qui concerne les déterminants sociaux (modifiables et non modifiables) des MNT, près de 60 % de la population du pays fume, la consommation de sel est trois fois supérieure aux recommandations, et le sucre et la malbouffe sont désormais fortement ancrés dans la culture nationale. Ainsi, même si mes proches connaissent bien l'expérience de ma famille avec le diabète, ils apportent des sucreries lorsqu'ils nous rendent visite. En outre, chaque fête au Bangladesh est centrée sur la nourriture, avec des arrangements culinaires autour des bonbons et des sucreries. Ainsi, en tant que personne vivant avec des MNT et en tant que membre de la population générale, il est difficile d'éviter les facteurs de risque de ces maladies tels que les aliments mauvais pour la santé, à forte teneur en sucre.
En ce qui concerne le tabac et l'alcool, l'exposition a contribué à l'augmentation de la prévalence des MNT chez les jeunes. Bien que la publicité directe pour le tabac et l'alcool soit interdite au Bangladesh, les médias contournent souvent cette réglementation : dans la plupart des films, des téléfilms et des séries télévisées, les personnages ont l’habitude de fumer et de boire de l’alcool. Souvent, ces personnages sont si populaires que les jeunes sont aisément influencés. Et cette influence est renforcée par un manque cruel de connaissances sur les MNT.
À l'âge de 51 ans, je peux affirmer que le fait de vivre avec de multiples maladies non transmissibles affecte mon niveau d'énergie et mon bien-être. C'est donc NOUS, les personnes vivant avec des MNT, qui devons nous tenir à NOS côtés, faire entendre notre voix pour défendre NOS DROITS et exiger un environnement propice à la lutte contre les MNT au Bangladesh et dans le monde entier.
13 décembre 2021
Les mains sur les épaules
En tant que personne vivant avec de multiples MNT dans un pays à faible revenu, je crois résolument à la nécessité d'une action immédiate contre ces maladies, en mettant l'accent sur l'éducation aux soins de santé et la réduction des dépenses directes.
Les gens sont attentifs aux maladies transmissibles, ils connaissent donc l'importance des habitudes d'hygiène. Mais les MNT et les facteurs de risque qui leur sont associés sont nouveaux pour beaucoup, y compris la connaissance des limites journalières recommandées pour la consommation de sel et de sucre et des régimes alimentaires sains. La principale cause de ce manque d’éducation est l'incapacité de nos professionnels de santé et de nos gouvernements à diffuser de manière adéquate les informations concernant les MNT dans les communautés. Pour réduire le manque de connaissances sur les MNT, j'invite le gouvernement du Bangladesh à organiser des campagnes de sensibilisation ciblant les communautés rurales et urbaines. Il convient également d'accorder une attention particulière à la mobilisation des établissements scolaires, car il est important de cibler les enfants, les adolescents et les jeunes, qui sont souvent très exposés aux facteurs de risque des maladies non transmissibles.
Les ressources allouées par le gouvernement pour la riposte aux MNT au Bangladesh sont également insuffisantes, alors que près de 70 % des décès sont attribués à ces maladies. Par conséquent, j'appelle à une augmentation des investissements dans les MNT, non seulement pour les services de soins cliniques - pour lesquels les ressources sont actuellement très limitées - mais aussi pour les mesures de prévention. Pour changer la situation actuelle, nous avons besoin d'une approche multisectorielle et fondée sur des données factuelles. Nous sommes à présent confrontés à la pandémie de COVID-19, et les personnes vivant avec des MNT sont les plus exposées au risque de contracter une forme grave du virus. Malheureusement, il n'existe pas de système de surveillance des maladies non transmissibles au Bangladesh, qui pourrait contribuer au maintien de services essentiels dans ce domaine et à l'identification des populations à risque. Les systèmes de surveillance peuvent également fournir des éléments factuels pour la prise de décision grâce à la production de données sur le nombre de personnes atteintes de MNT et sur les facteurs de risque les plus répandus par zone géographique. Enfin, il faut également produire des données sur les perspectives économiques de l'investissement dans les MNT afin de stimuler l'action politique.
En travaillant avec le Forum sur les MNT du Bangladesh, j'ai pris connaissance des nombreux défis auxquels sont confrontées les familles à revenus faibles et intermédiaires, qui n'ont souvent d'autre choix que de réduire leurs dépenses destinées aux produits de première nécessité pour pouvoir se payer les soins essentiels liés aux maladies non transmissibles. Ma propre expérience m'a appris que la gestion des MNT est bien plus difficile si l'on ne dispose pas de connaissances précises à leur sujet. C'est lorsque nous, au BNCDF, transmettons ces réalités aux responsables politiques que la magie opère, car c’est notre vécu qui incite les responsables politiques à agir contre les MNT. C'est pourquoi j'appelle toutes les personnes vivant avec des MNT à faire entendre leur voix pour non seulement s'aider elles-mêmes, mais aussi pour aider des millions de personnes dans le monde !
Carnets MNT
Cela fait maintenant 12 ans que je vis avec une maladie cardiovasculaire, du diabète et un problème oculaire. Je partage mon histoire parce que je veux faire entendre ma voix pour garantir la qualité des soins, des traitements et de la prévention des MNT.
Shamim Talukder, expérience vécue de plusieurs maladies chroniques, Bangladesh
À PROPOS DES CARNETS MNT
Les Carnets MNT utilisent des approches multimédia riches et immersives pour partager un vécu afin de susciter le changement, en utilisant un format de discours public.