Bonjour, je m'appelle Wendy et je viens de Cudworth, au Canada. J'ai vécu avec l'obésité pendant la plus grande partie de ma vie adulte.

Très souvent, les professionnels de santé m'ont donné l'impression que mes problèmes de santé étaient de ma faute, en raison de mon poids. C’est quelque chose d’inacceptable et je me suis fixé pour objectif de changer la façon dont les professionnels de santé considéraient les personnes vivant avec l'obésité.

Je témoigne ici parce que je veux que personne ne se sente aussi désespéré, inutile et dénigré par les professionnels de santé que je l'ai été dans le passé.

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12 mai 2022

Les soins de santé gratuits ont parfois un coût

Là où je vis, au Canada, il n'est pas nécessaire de payer pour consulter un médecin ou un spécialiste. Même si c’est fantastique car tout le monde a accès à un traitement, cela ne signifie pas toujours que vous serez bien traité. En réfléchissant à mes premiers rapports avec des professionnels de santé, je ressens de la peur, de la colère et de l'anxiété. J'ai eu des interactions avec des spécialistes qui vous feraient frémir, notamment ce qu’a décrété un cardiologue dans une salle d'urgence. Il n'avait aucune information sur mon passé, n'a pas posé de questions et a basé son « diagnostic » sur ce qu'il avait devant lui.

Elle est juste grosse et paresseuse et ne veut pas faire d'efforts pour être en bonne santé.

Pendant de nombreuses années, cette déclaration m'a convaincue que, parce que je vis avec l'obésité, je n'avais pas le droit d'être soignée par des professionnels de santé. J'étais convaincue que l’on ne pouvait rien faire et que je ne valais pas la peine d'être sauvée. Je me détestais d'avoir laissé les choses dégénérer autant et j'ai pensé à en finir, juste pour soulager mon entourage du fardeau que je pensais représenter.

Puis, un jour, j'ai consulté mon médecin de famille, qui nous suivait depuis environ un an, pour lui faire part de mon inquiétude concernant des symptômes que je ressentais et que mon père avait eu avant de décéder d'une crise cardiaque. Je m'attendais à ce qu'elle me dise que c'était mon poids, que je devais manger moins et faire plus de sport. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle se redresse, soudain attentive, et qu'elle me renvoie immédiatement en urgence vers un cardiologue. Mais c'est exactement ce qu'elle a fait. Mes faibles attentes n'avaient rien à voir avec mes contacts précédents avec elle, et tout à voir avec mes interactions négatives avec d'autres professionnels de santé.

Assise dans le bureau du cardiologue, j’étais très anxieuse. j'étais convaincue qu’on allait m’assener un autre sermon. Ce qui s'est passé ensuite m'aurait fait tomber à la renverse si je n'avais pas été assise. Le cardiologue m'a regardé dans les yeux et m'a expliqué que mon cœur était hypertrophié parce que je faisais de l'apnée du sommeil et que mes poumons manquaient d'oxygène. Je venais de commencer le traitement de l'apnée du sommeil 6 mois avant de le voir. Il était persuadé que si je poursuivais ce traitement, que je « changeais un peu mon alimentation et que je bougeais peut-être un peu plus », mon cœur serait rétabli en moins d'un an. Ses paroles m'ont sauvé la vie. Ce sont des échanges de ce genre qui ont commencé à me redonner confiance dans mon parcours de soins, et la foi dans la profession médicale.

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4 juillet 2022

Montrer du doigt et juger, ce n’est pas la solution

"Les médecins ne me parlaient jamais. Ils monologuaient devant moi, ou parlaient de moi à mes parents.

"Parce que je vis avec l'obésité, les médecins partaient du principe que j’avais des problèmes de santé qu’en réalité je n'avais pas.

Ces déclarations reflètent les conversations que j'ai eues avec d'autres personnes vivant avec l'obésité, au cours desquelles nous sommes revenues sur notre parcours (souvent depuis l'enfance) avec les professionnels de la santé. Ces échanges m’ont fait prendre la mesure des nombreuses expériences négatives que nous avons en commun. Une personne a raconté qu'elle avait dit à son médecin qu'elle s'était inscrite à Weight Watchers, pensant qu’il la soutiendrait. Sa réponse a été : « Pour 10 $ par semaine moi aussi je veux bien vous appeler et vous engueuler sur ce que vous mangez. » Un autre témoin a affirmé qu'alors qu’il se trouvait au cabinet médical, il avait entendu son médecin le traiter de « gros lard » devant quelqu'un à la réception. Beaucoup d'autres ont le sentiment qu'ils doivent mentir sur leurs problèmes de santé. Quand vient le moment de monter sur la balance, ils ont peur « se faire gronder par le médecin ».

La plupart des gens affirment que lorsqu'ils demandent l'aide d'un spécialiste, ils sont souvent envahis par l'angoisse et la peur. Certains sont physiquement malades pendant des jours avant le rendez-vous. J'ai parlé à une personne qui a consulté un spécialiste pour son diabète de type 2. Elle raconte que le médecin est entré, l'a regardée et lui a dit qu'elle pouvait « guérir » de son diabète si elle arrêtait d'être paresseuse et se mettait à bouger, à aller un peu partout sauf dans la cuisine, en ajoutant « la nourriture est votre ennemie et elle vit dans la cuisine ». Bien qu'elle dise n'avoir jamais été une personne excessivement heureuse, après ce rendez-vous, elle s'est sentie sombrer dans les ténèbres. Elle a fini par faire une tentative de suicide. Heureusement, un membre de la famille l'a trouvée et l'a emmenée à l'hôpital, et le spécialiste a finalement fait l'objet de mesures disciplinaires.

Certaines personnes ont l'impression d'avoir fait des régimes, perdu du poids et l'avoir repris si souvent qu'elles ont détruit leur corps. Elles sont constamment épuisées et déprimées. Plus elles mettent de temps avant de parler à leur médecin, plus il leur est difficile de tenir au jour le jour. Elles ont souvent l'impression qu'elles ne valent pas la peine d'être sauvées. Les faits sont là : il existe une corrélation entre le manque de qualité dans le traitement de l'obésité et les troubles de la santé mentale.

Les prestataires de soins de santé doivent reconnaître que les personnes vivant avec l'obésité ne sont pas grosses et paresseuses. Plusieurs facteurs, dont la génétique, les médicaments, voire les problèmes financiers, peuvent contribuer et contribuent effectivement à l'obésité. Il y a un moyen de discuter des problèmes liés à l'obésité de manière respectueuse et utile, sans provoquer un sentiment d'échec.

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21 juillet 2022

Comment pouvons-nous avancer ?

Vivre avec l’obésité est une lutte quotidienne physique et mentale. Nous devons non seulement vivre avec notre honte et notre dégoût de nous-mêmes, mais aussi vivre sous le regard de ceux qui nous entourent et nous jugent. On nous fait souvent sentir que nous ne méritons pas d’aide médicale, de nombreux prestataires de soins de santé ayant été formés pour nous dire simplement de « manger moins et bouger plus ». Pour éviter l’épuisement, la frustration et les complications qui peuvent résulter d’un traitement insuffisant, les personnes vivant avec l’obésité doivent recevoir des soins de qualité de la part de leurs prestataires de santé.

Ce dont ces personnes ont besoin, c’est d’un environnement convivial et chaleureux. Les professionnels de la santé devraient être formés pour fournir des soins efficaces et bienveillants aux personnes vivant avec des MNT, mais d’autres considérations sont également importantes, comme d’avoir des blouses d’hôpital plus grandes dans les cabinets médicaux et les hôpitaux, ce qui peut faire toute la différence pour nous aider à maintenir notre dignité.

En mon nom et au nom de ma communauté de personnes qui vivent avec l’obésité, j’appelle les prestataires de soins de santé au Canada et ailleurs à :

  1. Reconnaître que l’obésité n’est pas seulement la faute de la personne qui vit avec. Cela signifie que les professionnels de la santé doivent accéder à la formation qui leur est offerte dans un état d’esprit ouvert et axé sur l’humain.
  2. Militer pour que les personnes vivant avec l’obésité obtiennent les meilleurs soins possibles de la part d’autres médecins et spécialistes. Exprimez-vous si vous entendez qu’une personne vivant avec l’obésité a été traitée de manière irrespectueuse. Ce n’est pas toujours facile, surtout dans les petites collectivités, mais c’est nécessaire.
  3. Lors de conversations sur l’obésité, toujours faire preuve de respect. Ne pas se contenter de faire la leçon à l’individu sur le fait de manger moins et de bouger plus. Bien que cela fonctionne parfaitement avec certaines personnes, pour certains d’entre nous, ce n’est pas le cas, et nous avons besoin de davantage d’aide.
  4. Militer en faveur de médicaments plus abordables et d’un accès plus facile au traitement pour les personnes vivant avec l’obésité. Beaucoup de gens à qui j’ai parlé m’ont dit qu’ils aimeraient essayer certains des médicaments disponibles, mais ils sont tout simplement trop chers pour être envisageables sur le long terme.

Il est temps de changer. Il faut offrir davantage de formation aux professionnels de la santé à tous les niveaux. De grands progrès sont accomplis dans ce sens, mais il reste encore un long chemin à parcourir.

Carnets MNT


Au lieu d'avoir honte de ce que vous avez vécu, soyez fier de ce que vous êtes maintenant.

Wendy Reaser, expérience vécue de obésité, Canada

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Les Carnets MNT utilisent des approches multimédia riches et immersives pour partager un vécu afin de susciter le changement, en utilisant un format de discours public.

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Le thème actuel est

L’impact des prestataires de soins de santé sur mon parcours avec des MNT.

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